Hour Of Witches

Séraphina était sortie ce jour-là avec un objectif clair en tête, effectuer sa récolte de plantes dans la forêt, revenir les déposer à l'Aubépine et réaliser les commandes qui lui avaient été demandées. Une fois cela fait, elle pourrait rentrer chez elle et profiter du coucher de soleil à la fenêtre de sa chambre. Après avoir saisi son panier en osier, elle s'était aventurée dans la forêt sombre. Elle s'était enfoncée dans les bois, profitant des odeurs et des sons aux alentours. Elle aimait les bois, cela avait toujours le don de l'apaiser. Si elle avait pu rester une journée entièrement ici, elle l'aurait fait, mais hélas la forêt était bien trop dangereuse que pour s'y attarder. Normalement, la gorgone aurait dû prévenir l'un des protecteurs afin d'être accompagnée lors de sa récolte. Mais Séraphina détestait être chaperonnée, même pour sa propre sécurité.

Elle était certaine que cela lui coûterait cher un jour, mais tant que ce jour n'arrivait pas, elle continuait de faire comme elle le souhaitait. Trop indépendante que pour parvenir à compter sur quelqu'un, elle préférait faire les choses à sa manière, quitte à tomber et devoir se relever seule. Et puis elle n'était pas complètement sans défense non plus, elle avait emporté son éternelle dague, léguée par son père durant la guerre des pestes. L'arme ne quittait jamais le contact de sa peau, même lorsqu'elle dormait. L'herboriste avait beau savoir utiliser ses pouvoirs, elle rechignait à s'affaiblir de la sorte et préférait utiliser des moyens plus conventionnels d'abord avant de recourir à ses pouvoirs.

Alors qu'elle ramassait des pissenlits et des orties, elle entendit un craquement dans les bois, en face d'elle. La rousse se figea et s'accroupit immédiatement, refusant de représenter une cible trop visible au cas où. Elle détailla les arbres, ne voyant pas ce qui avait pu causer un tel craquement. Le silence envahissait peu à peu la forêt, comme si les oiseaux avaient instinctivement compris qu'un prédateur se cachait là, dans les fourrés. Un frisson parcouru l'échine de la jeune femme et elle su qu'il ne fallait pas rester là. Séraphina avait toujours suivi son instinct. Ses membres se mirent en mouvement, reculant doucement vers l'arrière, ne perdant pas de vue ce qui se trouvait face à elle.

Quelques mètres parcourus plus tard, elle vit une forme sombre sortir de derrière un arbre, une forme immense et redoutable. Un ours marchait en reniflant l'air, se dirigeant doucement, mais sûrement vers l'endroit où elle se trouvait. Si le destin désirait lui donner une leçon sur sa témérité, c'était assurément ce jour. Jurant dans sa tête, elle sortit, aussi silencieusement que possible, sa dague de son fourreau situé sur sa cuisse. Elle continua de reculer, jusqu'à se figer lorsqu'un grognement rauque, provenant de l'ours, retentit dans le silence. La bête était terrifiante et bien plus grosse que ses pairs. Peut-être s'agissait-il d'un mâle adulte, ou bien peut-être était-il tout de même bien plus imposant que les autres mâles de la forêt. Ses griffes devaient assurément faire la taille d'une grande partie de son avant-bras. Figer un tel animal dans la pierre lui assurerait un séjour dans les bras de Morphée.

Par Artémis, il était épouvantable... Continuant sur sa lancée, désireuse de mettre le plus de distance entre l'animal et elle, Séraphina entendit bientôt un autre bruit dans les bois. Quelque chose de gros se déplaçait rapidement vers sa position et si c'était un autre ours, elle pouvait dire adieu à sa vie. Se pinçant les lèvres, elle songea également aux chasseurs qui parcouraient également les bois, certains étaient capable de se transformer et s'il s'agissait de l'un d'eux, elle devait le prévenir de la présence de l'ours. Une bête pareille pouvait tuer une créature, c'était une certitude, mais en faisant du bruit, elle attirerait son attention sur elle et trop peu de distance les séparaient.

Se mordant la lèvre, Séraphina finit par émettre un sifflement strident avant de sauter dans l'arbre le plus proche et monter le plus rapidement possible, essayant de ne pas tomber de l'arbre. Elle savait que les ours pouvaient également monter aux arbres, mais elle espérait que son poids le ralentirait dans son ascension.

Lancé de dé:

Elle était parvenue à grimper à l'arbre sans encombre, loué sois les dieux. Mais alors qu'elle se demandait ce qu'elle allait faire ensuite, de nulle part, débarqua un loup de taille impressionnante. L'animal sembla analyser la situation avant de croiser son regard et se jeter sur l'ours. Il ne devait s'agir que d'une créature au vu de son comportement, un simple loup n'aurait jamais pris le risque de se mesurer à un ours de cette taille-là. L'attaque s'avéra finalement inutile puisque le loup noir retomba sur son flanc et s'éloigna de l'ours afin de ne pas recevoir de mauvais coups. Une voix rauque retentit alors dans l'air, lui demandant si elle comptait lever le petit doigt pour l'aider. Séraphina leva les yeux au ciel et ses lèvres se pincèrent d'agacement. Par tous les dieux, n'avait-elle pas tenté de l'avertir du danger en sifflant ? N'avait-elle pas assez pris de risques comme ça, pour lui finalement. Certes, elle s'était trouvée en mauvaise posture, mais même si elle rechignait à utiliser ses pouvoirs, elle se serait transformée et aurait pris son envol.

Voilà qu'elle se retrouvait désormais à devoir gérer un loup aux instincts de sauveur... Soufflant un juron, elle laissa tomber le masque et un frisson d'aise la parcourut lorsqu'elle prit sa véritable forme. Ses longs cheveux roux se transformèrent en un amas de serpents sifflants autour d'elle. Ses mains perdirent leur couleur et du bronze les recouvrit, tandis que deux grandes ailes de la même couleur, apparaissaient dans son dos. Elle étira ces dernières, se mettant debout sur la branche, conservant son équilibre grâce à un léger battement. Ses prunelles avaient pris la couleur du crépuscule, la pupille fendue. Elle se sentait toujours mieux sous sa véritable forme, mais elle avait rapidement compris que cela mettait mal à l'aise les gens autour d'elle, alors elle conservait sa forme humaine la plupart du temps.

Séraphina prit la parole, d'une voix teintée d'agacement.

— Je te conseille d'éviter mon regard, il serait malheureux que je te transforme en statue par mégarde...

La rousse ne s'était jamais trompé de cible et les gorgones ne transformaient en pierre, que ceux qu'elles désiraient transformer. Mais parfois, les légendes avaient la vie dure et certains pensaient encore que ses congénères transformaient en pierre tous ceux dont le regard croisait le leur. C'était amusant selon elle, mais c'était également pour cette raison qu'elle conservait son apparence humaine lorsqu'elle était en ville.

Voyant l'ours tenter une nouvelle offensive contre le loup, la gorgone arma son bras et lança sa dague en direction de l'une des pattes de l'ours, espérant qu'elle toucherait sa cible.

Lancé de dé:

Séraphina observa la lame se ficher dans la patte arrière de l'ours, l'empêchant de se mettre à nouveau debout. Une lueur de fierté brilla dans son regard et elle adressa silencieusement une prière de remerciement à Athéna, la déesse guerrière. Le loup en profita pour attaquer, mais il semblait que ses dieux à lui devaient l'avoir maudit. Il ne pouvait en être autrement au vu de la catastrophe ambulante qu'il représentait. Non seulement, il s'était senti l'âme d'un sauveur en croyant lui porter secours, mais en plus, il ne lui était littéralement d'aucun secours. C'était plutôt elle qui était en train de lui sauver la mise. Une énième attaque ratée, cette fois résultant enfin d'une blessure sur le museau, la rousse ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel.

Elle se demandait même comment il pouvait être possible qu'il n'ait pas été blessé avant par l'ours au vu de la maladresse dont il faisait part. D'ailleurs, l'animal semblait avoir compris qu'elle représentait un danger bien plus grand que le loup, car il se détourna tout bonnement de celui-ci. Elle aurait éclaté de rire si la situation n'avait pas été tout bonnement grotesque. Les loups n'étaient-ils pas censés savoir combattre ? Par Arès, peut-être que son dieu devrait lui donner des cours après tout.

Et non seulement, il représentait plus un poids qu'autre chose, mais en plus, il exigeait d'elle qu'elle fasse tout le boulot. Le fusillant du regard, elle retroussa les lèvres et siffla dans sa direction, les serpents dans sa chevelure en faisant de même. Il lui tapait sérieusement sur le système et Séraphina n'était pas connue pour sa patience légendaire.

— On voit bien que ce n'est pas toi qui vas souffrir d'un mal de tête atroce pendant le reste de cette journée.

Prenant son envol, elle s'en alla se mettre non loin du loup, atterrissant avec une certaine grâce. La gorgone plongea ses prunelles dans celle de l'ours, prit une grande inspiration et laissa son pouvoir se répandre dans la forêt, en direction de l'ours. Elle ne s'était encore jamais essayée à figer un tel animal en pierre, elle ignorait même si elle en était capable. Il était certain que si elle y parvenait, elle finirait dans les bras de Morphée, assommée par la magie qu'elle viendrait d'utiliser. Fronçant les sourcils de concentration, Séraphina pria Athéna et Arès de l'accompagner dans son processus et de lui donner la force de figer cet animal. Elle regrettait de lui faire cela, mais avait-elle seulement le choix ? Le loup était déjà blessé, il en écoperait une cicatrice sur le visage et elle savait combien ces dernières pouvaient être douloureuses au début. La preuve se trouvait sur son propre vissage à elle et s'étendait en trois fines cicatrices sur le côté gauche. Des gouttes de sueurs se formaient déjà dans son dos et elle voyait l'ours se mettre à avancer, il fallait qu'elle agisse vite.

Lancé de dé:

C'était d'une humiliation sans borne. La fierté de Séraphina en prit un sacré coup. Jurant intérieurement, elle sentit les brides de son pouvoir se recroqueviller au fin fond de son être. Humiliante catastrophe, voilà ce que représentait l'entièreté de cette situation grotesque. N'étaient-ils pas censés être des créatures aux pouvoirs merveilleux et terribles ? Voilà qu'aucun d'eux n'était capable d'utiliser leur force ou encore leur pouvoir. Tels des enfants qui auraient voulu jouer aux adultes, ils se retrouvaient face à un ours aussi ennuyé qu'énervé. Pour ajouter à son humiliation, le loup lui demanda si c'était pour aujourd'hui ou pour demain. La frustration et la colère s'emparèrent de son âme et elle s'apprêta à cracher son venir sur le loup, lorsque celui-ci la saisit et le monde de la rousse se mit à tourbillonner. Une fois remise sur la terre ferme, elle se rendit compte qu'il venait de la sauver de l'ours qui s'était mis à leur courir dessus.

Elle devait bien le reconnaître, cette fois, il lui avait bel et bien sauvé la vie. Grognant de mécontentement et abandonnant l'idée de changer la bête en pierre, sa taille étant bien trop grosse pour les capacités de la gorgone, elle verrouilla sa maudite fierté et écouta le loup. Elle ne désirait véritablement pas mourir sous les crocs d'un ours en colère, elle avait encore bien trop de choses à faire dans sa vie, que pour mourir aussi indignement. Il leur proposait de s'enfuir, ce qui semblait être l'idée la plus lumineuse de leur ridicule rencontre. Séraphina jeta un coup d'œil à l'ours, qui semblait déterminer à retirer la dague de sa patte. Une dague qui lui appartenait et qu'elle ne parviendrait pass à récupérer, c'était une évidence.

Les serpents autour de sa tête sifflèrent face à sa colère, elle avait payé cette dague avec de multiples soins et elle était furieuse de recommencer afin de s'en acheter une nouvelle. Ou peut-être devrait-elle mettre à contribution le loup dans son paiement. Après tout, c'était pour le sauver qu'elle avait lancé sa dague. Un pli amer étira ses lèvres et elle balaya l'air de sa main avant de reprendre forme humaine. Quitter cet endroit en s'envolant ne lui vaudrait que de multiples blessures sur ses ailes à cause des branches des arbres.

— Très bien.

Elle avait parfaitement compris ce que sous-entendait le loup dans la dernière partie de sa phrase. Comme si la rousse allait s'enorgueillir de ce combat raté. C'était bien mal la connaître, mais après tout, ils ne se connaissaient véritablement pas. Montant sur le dos du loup avec agilité, elle sentit son corps puissant partir vers l'avant et éviter les arbres tandis qu'il courait. Comme pour ajouter à l'humiliation de la scène, l'ours se contenta de leur lancer un regard dédaigneux avant de retourner à la dague qui était fichée dans sa patte arrière. Comble de l'ironie, elle se rendit compte qu'elle avait également oublié son panier dans les bois. Par Zeus, elle était furieuse et aurait aimé voir la foudre s'abattre sur ce satané ours.

Ayant mis une bonne distance entre l'ours et eux, Séraphina finit par quitter le dos du loup. C'était bien la première fois qu'elle se retrouvait à devoir monter sur une autre créature et cela avait quelque chose de terriblement honteux. Hors de question qu'on la voit ainsi, chevauchant le loup noir, pour entrer dans la ville. Les rumeurs auraient tôt fait de circuler et la gorgone avait une réputation à tenir.

— Merci.

Dit-elle d'une voix amère avant de continuer son chemin vers Salem.

Lancé de dé:

Sans véritablement prêter attention aux dires du loup, elle entendit ses pas s'éloigner avant de se rapprocher. La rousse jeta un coup d'œil derrière elle et fronça les sourcils en le voyant la suivre. Rapidement, il mit fin à ses interrogations silencieuses, car il précisa qu'il ne la suivait pas par plaisir, mais l'ours étant toujours dans les parages, il valait mieux qu'ils rentrent ensemble. Ce n'était pas un raisonnement idiot, bien que la gorgone aurait préféré ne pas apparaître aux portes de Salem en sa compagnie. Elle ignorait même tout de lui, ce à quoi il pouvait bien ressembler sous forme humaine et son identité exacte. Même si cela faisait maintenant quelques années qu'elle siégeait au Conseil de la ville, elle ne parvenait pas à mettre un nom sur l'entièreté des visages de Salem. Surtout lorsque ces dernières n'appartenaient pas à son panthéon. Peut-être demanderait-elle à Ada si elle connaissait ce loup. Elle ne s'y connaissait pas bien en loups, mais ils devaient assurément avoir des caractéristiques uniques sur leur pelage. Il lui semblait improbable que deux loups possèdent le même pelage.

Mettant de côté ses réflexions, elle continua son chemin, le visage sombre. Décidément, elle aurait mieux fait de rester chez elle ce matin. Elle ne comprenait pas pourquoi elle s'était retrouvée dans une situation pareille alors qu'elle veillait toujours à prendre des précautions. Peut-être que les animaux se montraient davantage téméraires avec l'hiver et le manque de nourriture. C'était une explication plausible, car les ours s'approchaient rarement aussi près du village depuis que les chasseurs avaient pris possession de la forêt.

Mais alors qu'elle évitait un morceau de bois sur le sol, un frisson de malaise parcouru son corps. La luminosité ne cessait de décroître et elle jeta un coup d'œil au ciel. Il devenait de plus en plus sombre, à cause des nuages noirs qui s'amoncelaient. Cela n'annonçait rien de bon et Séraphina pressa le pas. Quelques instants plus tard, une première goutte s'écrasa sur le bout de son nez.

— Par Zeus ! Cela doit être une mauvaise farce...

La pluie se mit rapidement à dévaler du ciel, mouillant toute la végétation et leurs vêtements. Les dieux semblaient avoir décidé de s'acharner sur elle et la jeune femme ignorait ce qu'elle avait bien pu faire pour les contrarier autant. Elle songea rapidement qu'elle ferait une offrande ce soir afin d'apaiser leur colère. Car le roi des dieux devait assurément être en colère contre elle pour faire tomber une telle pluie sur la forêt. La visibilité était catastrophique, si bien que la gorgone ignorait par où aller. Les odeurs se mélangeaient et les sons étaient devenus diffus à cause du bruit de la pluie. Ses vêtements s'alourdirent et sa peau se mouilla, lui donnant un sentiment désagréable de gêne.

Elle se tourna et grimaça.

— Est-ce que tu penses pouvoir nous mener jusqu'au village avec tes sens ?

Elle doutait que ce soit le cas, mais peut-être que ses dieux à lui se montreraient plus cléments. Séraphina ne désirait pas rester plus longtemps sous ce déluge et s'il ne parvenait pas à les guider, alors il leur faudrait trouver un endroit où s'abriter. D'autant plus que l'ours rôdait toujours dans les bois.

Comme elle s'en était douté, il était impossible au loup de percevoir quoi que ce soit à l'aide de ses sens. Comme il le lui faisait si bien remarquer, ses pouvoirs possédaient une limite et ce n'était certainement pas elle qui allait le contredire. Au vu de ce qu'il s'était produit plus tôt avec ses propres pouvoirs. Séraphina se contenta donc de hocher da la tête, tout en observant ce qu'il y avait autour d'elle. L'eau ne cessait de leur tomber dessus et ses vêtements mouillés épousaient déjà son corps comme une seconde peau, ce qui était parfaitement désagréable. Elle jeta un coup d'œil à son museau en voyant le sang sécher. Il était blessé et s'il se rendait utile, peut-être le soignerait-elle. Dommage qu'elle n'ait pas pensé à conserver son panier à portée de main, cela aurait pu lui servir.

Le loup reprit la parole, réfléchissant tout haut à leur situation. Effectivement, une grotte, bien que tentante, ne serait pas une bonne idée. Cuire n'était pas non plus dans la liste de ses envies du jour, rester donc sous un arbre par ce temps était hors de question. Alors qu'elle manquait d'inspiration, elle vit le loup bondir et se mettre à creuser. Désirait-il avoir accès aux souterrains ? Ce serait comme trouver une aiguille dans une botte de foin. Séraphina savait que certaines entrées étaient accessibles en surface, mais ne s'étant jamais véritablement aventurée dans les souterrains, elle ignorait où ces dernières se trouvaient.

Bientôt, le loup réapparu, couvert de terre et il lui indiqua l'abri de fortune qu'il venait de leur creuser. Une phrase ironique plus tard et une gorgone au regard excédé prenait place dans le trou. Celui-ci n'étant pas bien grand, ils se retrouvèrent l'un contre l'autre et la jeune femme pu profiter de la chaleur que diffusait le corps du loup. Ce n'était pas l'idéal, mais au moins, elle ne mourrait pas d'hypothermie tout de suite. Le sol était humide et collant à cause de la terre, mais elle avait connu pire par temps de guerre. Au moins cela sentait-il bon.

— Pourquoi te baladais-tu dans les bois ?

Comme la météo ne semblait pas vouloir se calmer, autant passer le temps en discutant. S'ils devaient tous deux demeurer silencieux, cela risquait de devenir insupportable, surtout au vu de leur proximité. Elle aurait voulu mettre plus de distance entre eux, mais elle n'était pas idiote au point d'accepter l'air glacial qui s'engouffrait partout. Séraphina observa le loup plus en détail, c'était une bête impressionnante, tout en muscle et en puissance. Les dieux leur avaient donné l'opportunité de survivre, de s'adapter à ce nouveau monde, une évolution comme jamais l'humanité n'en avait connu. C'était une prouesse exceptionnelle dont la grécienne ne cessait de s'émerveiller.

Au vu de sa réaction avant de lui répondre, il ne devait pas véritablement être enclin à lui répondre. À vrai dire, elle avait l'impression que cela lui demandait un effort considérable et peut-être effectivement que cela lui demandait un effort. Il était peut-être de ceux qui n'aimaient pas parler, de ceux qui demeuraient dans l'ombre afin de ne jamais être dérangé. Cela lui correspondrait bien à la seule différence qu'il était tout de même venu la sauver. Un chevalier blanc en armure l'aurait sermonnée sur le fait qu'elle se soit rendue toute seule en forêt, il lui aurait fait la leçon sur les dangers et les risques qu'elle avait pris. Oui, il n'était assurément pas de ceux-là, à son plus grand bonheur. Si tel avait été le cas, elle serait partie en bravant la pluie, coûte que coûte pour s'éviter des problèmes au village en ayant changé une autre créature en pierre. Cela ne lui était pas encore arrivé à elle, mais parfois, cela la démangeait vraiment.

Un peu comme maintenant, alors qu'il venait tout juste de lui répondre. Voilà qu'il se montrait sarcastique en expliquant qu'il se baladait pour éviter les gens comme elle. Séraphina plissa les lèvres et lui jeta un regard mauvais. Avant même qu'elle n'ai pu répliquer, il lui donna la véritable raison de sa balade. Un explorateur donc, il n'en existait que peu pour le moment et pour cause, cela ne faisait pas bien longtemps qu'Azaria Kyros avait obtenu son autorisation de créer sa confrérie. Était-il déjà parti au-delà des montagnes ? Elle en doutait, car dans le cas contraire, il aurait immédiatement su qui elle était. Après tous, les membres de la confrérie qui s'était aventurés au-delà des montagnes et avaient fait des découvertes significatives, devaient leur rendre des comptes à eux, les membres du Conseil.

De la verveine, une plante aussi belle que merveilleuse de par ses propriétés multiples. La rousse était curieuse de savoir qui pouvait bien être sa sœur et où travaillait-elle. Pas à l'Aubépine dans tous les cas, car elle aurait déjà rencontré le loup depuis longtemps. Comme il semblait rechigner à parler de lui, peut-être se montrerait-il plus enclin à discuter de sa sœur.

— De la verveine ? Où travaille-t-elle ?

Il faudrait impérativement que Séraphina mette à jour ses connaissances des habitants de la ville, ces derniers temps, il y avait bien trop de visages qu'elle ne connaissait pas dans les rues qu'elle empruntait quotidiennement.